Hypnose et libération de l’égo

Hypnose et libération de l’égo

Article par Anne-Marie Quesnel

Pourquoi s’occuper de l’égo de notre clientèle en hypnose?

Vivre dans l’égo, c’est vivre l’enfer, même si ce n’est pas ce que l’égo veut nous laisser croire. L’égo nous amène à développer une fausse identité rassurante en nous incitant à nous identifier à nos pensées, à nos possessions matérielles. L’égo ne veut qu’une chose : sentir qu’il existe! Il veut se démarquer, être choisi, être unique, être le plus meilleur! De ce fait, l’égo est le maître en chef de la division. Il nous sépare autant des autres que de notre vraie nature. La division amène l’opposition, le conflit, l’isolement.

Il y a un intérêt certain à accompagner les membres de notre clientèle en hypnose dans la libération de leur égo. Évidemment, ce n’est pas une mince tâche : on devra probablement le faire pour soi en premier. D’ailleurs, notre égo se dresse souvent comme Godzilla en pleine crise de nerfs dès qu’on s’approche d’un article, d’un livre, d’un balado ou d’une formation qui dévoile sa véritable nature. Ce qu’il craint plus que tout, c’est de perdre son pouvoir sur nous. Il aime bien nous garder petit, dans une certaine souffrance.

La stratégie principale pour commencer à diminuer son égo, c’est de se ramener au moment présent. Ici, maintenant. L’égo s’emballe souvent en nous fournissant en boucle une panoplie de scénarios catastrophes, ce qui déclenche le processus de stress. L’esprit est envahi par des pensées anxiogènes. En hypnothérapie, nous pouvons enseigner la respiration en pleine conscience, transmettre cette expérience où on s’installe confortablement au point neutre, au point zéro, là où le problème n’existe pas. La respiration consciente chasse l’égo en toute simplicité. C’est comme si on mettait son volume à zéro : on ne l’entend plus!

Une autre stratégie consiste à utiliser les sens pour faire taire le discours incessant de l’égo. Ici, maintenant, j’observe, je nomme trois choses que je vois, que j’entends, que je sens, que je ressens, que je goûte. Le but est de diminuer l’activité mentale liée à l’égo, car on a la vilaine habitude de se défendre en rationalisant ou en faisant du déni. L’égo est comme un signaleur routier qui redirige (ce n’est pas moi, c’est à cause de…; c’est lui, c’est elle qui…; c’est la situation…). L’égo veut être parfait. S’il est parfait, on ne peut l’accuser de rien, car si on l’accuse, on pourrait le juger, le condamner… et il pourrait disparaître, ce qu’il craint plus que tout.

La croissance de l’égo s’installe sournoisement. Quand l’enfant est régulièrement félicité pour avoir été parfait, impeccable, l’égo se met à croître, même quand chaque compliment reçu a été offert de bonne foi, dans l’intention de faire grandir l’estime de soi et la confiance en soi de l’enfant. Un programme se crée dans l’inconscient : Quand je suis bon, quand je suis parfait, on m’aime, on veut de moi, j’existe, on me protège. Dès lors, l’égo se donne un mode d’existence et pousse au perfectionnisme, une contrainte bien souffrante pour les gens qui ont ce programme.

Un processus similaire peut se produire chez l’enfant qui, au lieu d’être outrageusement félicité, a subi des évènements pénibles (dénigrement, violences, etc.). Si l’activité mentale de l’égo repasse en boucle les évènements douloureux, la personne peut s’identifier à ces vécus, ce qui garde le traumatisme bien vivant. Par son identité, on est alors lié à l’évènement; on ne l’a pas que subi, on est, en quelque sorte, cet évènement, on endosse complètement un rôle.

Dans ce dernier cas, on pourrait accompagner la personne pour lui permettre de se détacher de sa souffrance, par exemple avec une technique de deuil où on ira couper, de manière symbolique, le lien toxique. Pour calmer l’égo, la stratégie à enseigner demeure : observer les pensées et créer une distance avec celles-ci en s’installant dans le moment présent, en pleine conscience. L’outil le plus simple, le plus rapide et le plus efficace est, encore et toujours, la respiration consciente. C’est le meilleur antidote contre ce que le docteur Serge Marquis, expert de la décroissance personnelle de l’égo, a surnommé les pensouillures de l’esprit.

Trop vivre dans le mental nourrit des peurs qui deviennent des pensées envahissantes, lesquelles nous font endosser des rôles qui nous éloignent de notre essence. Certaines personnes n’ont peut-être jamais rencontré leur moi véritable puisque leur égo les garde dans une salle aux miroirs déformants. Apprendre à se libérer des attachements de l’égo est la meilleure route pour revenir à l’essentiel. Il faut observer ce que les gens perçoivent – bien inconsciemment – comme étant le prolongement d’eux-mêmes : voiture, vêtements, maison, chalet, etc. D’autres sont attachés à leur titre. Ne connaissons-nous tous pas des individus qui sont décédés peu après avoir pris leur retraite? Leur travail était tellement soudé à leur identité qu’une fois qu’ils ne sont plus cela (comptable, mécanicien, avocat, entrepreneur, etc.), ils meurent. Littéralement. Une question judicieuse pour les personnes qui se préparent à la retraite : Si vous n’êtes plus (en fonction de la profession), qui êtes-vous?

Se détacher de l’égo, c’est effacer progressivement les illusions qu’il nous fait gober. C’est briser la quête sans fin dans laquelle le désir (basé sur une illusion) renforce l’identité. On se procure l’objet du désir pour se rendre compte que ce n’est pas totalement satisfaisant et qu’un nouvel objet d’un nouveau désir est nécessaire… mais ce n’est pas le cas, il manque encore un autre objet, légèrement supérieur, et cette fois-là, on y sera… Et pourtant, non…

Voilà donc une de nos missions, qui est d’une importance capitale : accompagner les membres de notre clientèle dans la libération (progressive) de leur égo. Moment présent, observation, respiration consciente, coupure symbolique avec les évènements auxquels ils se sont malheureusement identifiés et qui leur causent un mal-être, pleine présence.

Anne-Marie


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Parution de cet article : janvier 2025